Chasseur MEYRARGUAIS . Equipe sanglier

La CHASSE & l'ETHIQUE

La chasse et l'éthique

Les développements de la technologie moderne nous font facilement oublier que l'homme fait partie intégrante de la nature. Comme tous les animaux, il en tire sa nourriture, son abri ainsi que tout ce qui constitue son habitat. Comme chacun d'eux, il occupe la place qui lui revient dans la nature et exerce les activités de prélèvement nécessaires à sa survie. La technologie rend simplement cet état de choses moins évident.
Cependant, si l'intelligence de l'homme lui permet de se soustraire à la plupart des mécanismes naturels de contrôle des populations (épidémies, prédation, etc.), elle lui dicte également la responsabilité d'assurer la pérennité des ressources naturelles, dans le respect des principes du développement durable.
La chasse est une activité qui rattache l'homme à ses racines les plus profondes au coeur de la nature. De tout temps, l'homme a chassé, tant pour assurer sa survie que pour se mesurer à un adversaire naturel. Si la nécessité d'assurer sa subsistance par la chasse est peu fréquente de nos jours, le défi quant à lui demeure.
La chasse offre au chasseur une occasion d'entrer en contact avec le milieu naturel, de s'imprégner de sa beauté, de s'émerveiller devant sa complexité, de comprendre sa fragilité. C'est une expérience très personnelle.
La chasse permet à ses adeptes de se retirer des sources de stress du quotidien. Elle leur fournit un environnement propice à la détente et au repos.
La chasse est une activité sociale qui rapproche les parents, les enfants, les amis, dans la poursuite d'un objectif commun. Elle représente une occasion unique d'échanges et de partage.
La chasse implique l'acte d'abattre, mais cela ne veut pas dire que les chasseurs sont cruels. En effet, le code d'éthique du chasseur spécifie qu'il doit prendre tous les moyens pour abattre son gibier le plus rapidement possible, que ce soit par le choix d'une arme autorisée, la pratique du tir ou la connaissance de l'animal chassé.

Le code d'éthique qui régit la pratique de la chasse est basé sur le respect, qui se manifeste de différentes manières :
Le respect d'autrui, chasseur ou non. Il s'agit avant tout d'une question de sécurité personnelle et publique. Le chasseur ne doit jamais tirer au-delà de la portée utile de son arme et il doit le faire seulement sur un gibier parfaitement vu et identifié. Il doit demeurer conscient de ce qui peut se présenter dans sa ligne de tir et se méfier des ricochets. Lorsqu'il pratique son activité à proximité d'habitations, il doit redoubler de vigilance et éviter de troubler la tranquillité des occupants.
Le respect de la propriété privée, sur laquelle il ne doit circuler qu'après avoir obtenu l'accord du propriétaire. Le chasseur doit aussi respecter les consignes du propriétaire, notamment en ce qui concerne les zones interdites, la protection des cultures, des bâtiments et des animaux de ferme, l'usage du feu, de chiens de chasse, de véhicules tout terrain, les clôtures et les barrières, le nombre de personnes autorisées à circuler sur la propriété, etc.
Le respect de l'environnement, ce qui signifie que le chasseur doit laisser le territoire de chasse visité intact. Il doit ramasser ses douilles et ses flèches. Il ne doit pas couper d'arbres et il doit rapporter ses déchets, comme le fait tout bon campeur ou promeneur en forêt. Le respect de la faune, tant durant la chasse, alors que le chasseur mesure son habileté à l'instinct de son gibier, qu'après la chasse, dans le soin qu'il doit prendre dans la manipulation et la préservation du gibier qu'il rapporte.
Le respect des lois et des règlements qui régissent la chasse, parce que le chasseur comprend leur nécessité pour assurer une utilisation durable de la faune.

Voilà un petit article visant à mettre fin aux préjugés sur les chasseurs, à faire comprendre aux chasseurs inconscient de la gravité de certains de leur actes, certains se reconnaitront...

Chasses Presidentielles

La nuit tombe sur Chambord. Dans quelques minutes, les invités se rendront au cocktail. Pour l'heure, les chasseurs - riches industriels, hommes politiques ou personnalités étrangères - se rassemblent pour rendre les derniers honneurs aux sangliers tués dans la journée. Devant eux, sur un lit de branchages, les bêtes sont alignées selon leur taille. A leurs côtés, les rabatteurs tiennent les flambeaux pour éclairer le "tableau" de cette chasse présidentielle. Les sonneurs - bottes noires, redingote et bombe sur la tête - font retentir leur trompe. Les gardes républicains à cheval complètent ce décorum. Les regards, eux, sont tournés vers l'horizon : au loin, le soleil se couche sur le château de François Ier.

Ce spectacle risque de disparaître. Pour réduire les dépenses publiques, Nicolas Sarkozy vient d'annoncer la suppression des chasses présidentielles. Ne subsisteront, à Chambord, que des battues de sangliers destinées à réguler le gibier peuplant les 5.000 hectares de ce domaine clos, grand comme la moitié de Paris. Des parties de chasse toujours très convoitées. Qui attirent des patrons du CAC 40, le directeur général de la police nationale Frédéric Péchenard, des socialistes comme Pierre Joxe, Michel Charasse, des élus de droite tel David Douillet… Voire des non-chasseurs comme Roselyne Bachelot, Christine Boutin ou Maurice Leroy. Le tout dans la plus grande discrétion. La consigne est tacite : pas de noms, pas de photos.

Les chasses présidentielles ont toujours été un lieu de pouvoir. Les chefs d'Etat de la Ve République l'ont vite compris. De Gaulle, le premier. Même s'il ne chasse pas, le Général vient assister aux battues de Rambouillet - autre domaine de chasses présidentielles. Posté derrière ses invités, il commente ironiquement, dit-on, les tirs manqués: "Encore raté!" Les parties de chasse prennent une autre dimension avec son successeur Georges Pompidou, qui, lui, participe régulièrement aux traques de Chambord. Ses conseillers, Pierre Juillet et Marie-France Garaud, veillent sur ce trésor. C'est l'époque des grands travaux : désensablement et remise en eau des douves, rénovation du mur d'enceinte et achèvement du canal pour disposer d'une vue magnifique sur le château.

"Giscard d'Estaing était insatiable et jaloux"

Pompidou y retrouve régulièrement le même petit cercle d'initiés : parmi eux, Serge Dassault, Alain Peyrefitte, le baron Elie de Rothschild, le résistant et député Claude Hettier de Boislambert, et bien sûr son ami l'industriel François Sommer et sa femme. Les chasses sont autant d'occasions pour des rencontres informelles. Parfaites pour nourrir quelques conversations privées et parler affaires, autour d'un verre le soir, ou, au besoin, dans la Land Rover du Président entre deux battues.

Jusqu'au bout, Pompidou reste fidèle à cet endroit magique. Quelques semaines avant sa mort, il y chasse pour la dernière fois. L'atmosphère est pesante. Ce jour-là, à l'heure du déjeuner, le Président se tient seul. D'habitude les invités se pressent autour de lui. La journée n'est pas bonne: le Président n'abat aucun sanglier… Son successeur, Valéry Giscard d'Estaing, profite lui aussi de sa passion pour soigner ses relations publiques. Il convie à ses chasses le futur roi d'Espagne Juan Carlos, le duc d'Edimbourg et de nombreux chefs d'Etat africains qui l'invitent en retour à des safaris. Tout est minutieusement préparé. Des motards de la République, raconte-t-on, remettent les invitations aux différents convives. La veille de leurs arrivées, les services de Chambord reçoivent les dernières consignes par fax: "On savait, pour la première traque, qui devait être placé à droite et à gauche du Président dans la voiture, idem pour les suivantes." Le soir, contrairement à l'ère Pompidou, chacun a une place assignée à la table du Président.

Ce dernier soigne ses invités, mais tend à se réserver la meilleure place lors des battues. "Giscard d'Estaing était insatiable et jaloux. Il ne supportait pas qu'un invité réussisse mieux que lui", raconte un ancien du domaine. Cette image de grand chasseur, armé d'une paire de Purdey, la rolls des fusils, a pu lui nuire. Et nourrir de nombreuses légendes: le Président débarquerait parfois en hélicoptère. Se ferait exceptionnellement servir par du personnel en perruque et en costume Grand Siècle. Lors de l'attentat de la rue Copernic en 1980, il aurait mis plusieurs jours à réagir, trop occupé à chasser.

Quand François Mitterrand prend le pouvoir, il songe d'abord à supprimer ces chasses entre privilégiés. Mais les ligues de chasseurs, les agents de l'ONF et des politiques l'en dissuadent. "Tous les chasseurs ne sont pas des viandards, allons", plaide son frère Philippe, un grand tireur. Et son ami François de Grossouvre argumente: "Savez-vous que de Gaulle avait fait des chasses présidentielles un lieu de pouvoir essentiel?" Mitterrand capitule. Et nomme Grossouvre, fondu de chasses et collectionneur d'armes, "président du comité des chasses présidentielles"*.

L'homme à la rose ne vient jamais: il n'aime pas la chasse. Quand un faisan tué s'abat sur Grossouvre et lui casse une côte, il commente, acerbe: "Que voulez-vous, la nature s'est vengée!" Pourtant, rien n'échappe à Mitterrand. D'octobre à décembre, on lui soumet chaque semaine une liste prévisionnelle d'invités. Le Président raye parfois un nom, puis valide au stylo: "Vu, F. M." Dans ce répertoire, de grands industriels comme Serge Dassault, Roland Peugeot et toute une série de ministres africains et du Moyen-Orient. On croise le prince du Maroc ou le frère du président syrien Rifat el-Assad, qui, au cours d'une fausse manœuvre, faillit blesser Francis Bouygues.

Le prince Rainier de Monaco, remarquable tireur, s'y rend avec ses filles, que Grossouvre regarde d'un œil admiratif… On y voit aussi des politiques comme Michel Charasse, Charles Hernu, Gaston Defferre qui vient avec son professeur de ball-trap, René Monory, l'ancien garagiste devenu président du Sénat, intarissable sur ses souvenirs de rallyes automobiles… L'occasion de nouer des contacts. De vendre éventuellement quelques Mirage. De trouver des financiers pour débloquer un projet. Sans faire de bruit. Le socialiste ne souhaite pas afficher ouvertement ce qui ressemble à une survivance de la monarchie.

Kadhafi exige une chasse dans la forêt de Rambouillet

A Rambouillet et à Marly, chaque invité - ils sont une douzaine par chasse - a un agent de l'Office national des forêts à sa disposition. Quelqu'un chargé de lui passer son deuxième fusil et les cartouches à tirer. Chargé également d'assurer sa sécurité. Indispensable quand certains diplomates aiment tirer le fusil sur la hanche! "C'étaient des chasses grandioses. On faisait voler de jolies quantités d'oiseaux", explique Jean-Paul Widmer, le directeur des chasses présidentielles de l'époque. Imaginer des centaines de faisans s'envolant dans un ciel d'automne. Des oiseaux lâchés dans le parc vingt-quatre jours après leur naissance à la faisanderie du domaine, rabattus par 80 personnes, et s'élevant au-dessus des buissons soigneusement taillés. Résultat: 600 oiseaux tirés en moyenne. Là aussi, les tableaux de chasse sont soignés. Quand le prince du Danemark est de la partie, on dessine le blason danois avec le gibier.

Un cérémonial qui peut choquer les non-initiés. En 1995, Jacques Chirac, pressé par sa fille Claude et Brigitte Bardot, annonce la suppression des chasses présidentielles. Le contraste est trop grand avec son slogan de 1995 sur la fracture sociale. Les tirées présidentielles disparaissent à Rambouillet et à Marly-le-Roi (Yvelines). Il ne reste que Chambord et ses "battues de régulation". Du moins officiellement. "Les chasses présidentielles n'ont jamais disparu, assure René Souchon, ancien du comité des chasses présidentielles, devenu président de l'Office national des forêts jusqu'en 1995. Je me suis vu imposer plusieurs invités par l'Elysée." Lors de sa visite en France en 2007, le colonel Kadhafi exige par exemple qu'on lui organise une partie de chasse dans la forêt de Rambouillet.

Les chanceux qui ont participé aux traques de Chambord relativisent. "C'était une chasse tout ce qu'il y a de plus normal. On mange beaucoup mieux ailleurs, raconte un convive. Ici, ce qui est fabuleux, c'est le cadre et l'organisation!" Fin 2009, Pierre Charon, nommé président du domaine national de Chambord, rêve de redonner à ces parties de gâchette leur lustre d'antan. Six mois plus tard, le couperet tombe: les chasses présidentielles sont supprimées. En principe. "Cela ne fermera jamais, pronostiquent les connaisseurs. Il faudra toujours tuer du gibier. Il y aura encore des chasses, peut-être avec moins de faste." Certains sont même prêts à faire des efforts, comme le vice-président du groupe chasse à l'Assemblée Patrice Martin-Lalande, député UMP de Loir-et-Cher: "On peut faire des économies sur les réceptions. Je suis même prêt à venir avec mon sandwich."

*Le Dernier Mort de Mitterrand, Raphaëlle Bacqué, Grasset.


16/10/2010
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